Vu dans la Depeche du Midi   TARBES (65) - ACCIDENT MORTEL Dimanche soir, un hélicoptère de la Sécurité civile s'est écrasé sur l'Arbizon

Un CRS trouve la mort, cinq personnes blessées

Un hélicoptère de la Sécurité civile (EC 145) avec six passagers à son bord s'est écrasé, dimanche, peu avant 19 heures, sur la face nord du massif de l'Arbizon (commune d'Ancizan), dans des circonstances qui seront prochainement déterminées dans le cadre d'une enquête. Sur les six personnes à bord - dont l'une d'entre elles est un grimpeur en difficulté qui venait d'être récupéré lors de cette intervention de secours de montagne - deux ont été grièvement blessées, trois autres plus légèrement, la cinquième a trouvé la mort: il s'agit de Philippe Ribatet, jeune CRS célibataire, qui aurait fêté ses 36 ans en octobre prochain. Dans la caserne de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS 29 de Lannemezan), où la victime avait fait son service militaire de 1989 à 1991 avant d'y être intégré le 1er janvier 1998, un climat de tristesse et de recueillement était palpable hier matin. « Ça a touché durement le groupe, a confié, hier, le lieutenant Louis Piquemal qui commande la section de montagne (38 gendarmes-secouristes). Une nouvelle fois, quelqu'un a fait les frais de sa passion. Philippe Ribatet, c'était un supergars, très convivial au niveau du groupe. Il avait la passion de sauver des gens. Ça nous a vraiment secoué d'apprendre son décès. » La dépouille du CRS a été acheminée, hier matin, à la morgue de Tarbes.

AUTRES BLESSES

Parmi les blessés graves, il y a également le cas du pilote de l'hélicoptère, Franck Daudet (7.000 heures de vol), qui a été extrait du cockpit de la machine, dimanche soir, vers minuit, dans des conditions assez périlleuses pour les nombreux sapeurs-pompiers, gendarmes et sauveteurs de montagne dépêchés sur place, renforcés par deux autres hélicoptères de la Sécurité civile. Le pilote souffre de polytraumatismes. Il a été transporté dans le coma à l'hôpital Rangueil à Toulouse où il a été admis dans le service de neurochirurgie. Le mécanicien de l'appareil, Georges Menvielle (5050 heures de vol), souffre également de nombreuses fractures « mais ses jours ne seraient pas en danger », indiquait, dimanche soir, un communiqué de la préfecture des Hautes-Pyrénées. Un second CRS de Lannemezan, le brigadier-chef Christian Sébie, ainsi qu'un médecin du Samu, Richard Nicolle, seraient « contusionnés et restent en observation au centre hospitalier de Tarbes ». Information également relayée par la préfecture qui ne donnait aucun détail de ce grimpeur, contusionné, retrouvé sur la route d'Ancizan par les premières équipes de secours, peu de temps après ce dramatique accident, a confié hier le lieutenant Piquemal.

Pour ce dernier, sauveteur chevronné, le lieu de l'intervention « est un secteur très exposé. Ce n'est techniquement pas difficile mais très instable, avec le danger de chutes de pierres sur cette arête de la face nord de l'Arbizon... la machine est encore en équilibre sur la paroi », a ajouté le secouriste.

Gérald CAMIER.


Le crash inexpliqué d'un appareil sophistiqué

Conditions d'intervention complexes, erreur de manoeouvre, basculement inexpliqué, l'origine de l'accident, dimanche soir, d'un hélicoptère de la Sécurité civile, qui opérait le sauvetage d'un grimpeur sur le massif de l'Arbizon, demeurait sans explication de la part des sources officielles. Les conditions atmosphériques étaient bonnes. La visibilité portait à 10 km. Le plafond était à 30.000 m et un vent de sud-ouest soufflait dans les Pyrénées L'appareil ne s'est pas posé. Seule une partie s'est immobilisée sur la pente. « L'équipage a senti de grosses vibrations », a précisé le préfet Christian de Laverne, directeur de la défense et de la sécurité civile au ministère de l'intérieur. Une pale a-t-elle heurté la paroi? Une pierre est-elle à l'origine de l'accident? « Toutes les suppositions sont possibles. Et toutes les possibilités feront l'objet d'une investigation », a indiqué Charles Decup, officier de sécurité aérienne au groupement d'hélicoptère.

Dans ce type d'opération, l'hélicoptère, issu de la génération des EC 145 livrés en 2002 à la gendarmerie en remplacement progressif des Alouette III, est réputé comme un appareil des plus sophistiqués, dotés d'équipements spécifiques aux missions de sauvetage en haute montagne. L'EC 145 dispose d'un treuil électrique avec dispositif d'éclairage (90 mètres de câble), d'un phare de recherche, d'une caméra gyrostabilisée, d'une compatibilité pour le vol avec jumelles de vision nocture...

Côté technique: l'appareil est long de 13 m et possède une autonomie de vol de 2 h 45 environ. En vitesse de croisière, il peut atteindre les 250 km/h et dispose d'une capacité de onze places à bord maximum (équipage compris). Hier matin, le lieutenant Piquemal, qui commande la section des secouristes de haute montagne de la CRS 29 à Lannemezan, avouait la complexité d'une telle intervention où le pilote doit maintenir son appareil sur l'étroitesse d'une arête telle que celle de la face nord de l'Arbizon. Une fois encore, des secouristes ont été victimes de leur devoir. En 2002, 9.600 personnes ont été secourues et 13.000 heures de vol ont été consacrées au secours.

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La passion de sauver

La Compagnie républicaine de sécurité de Lannemezan, CRS 29, est une compagnie composée de 170 fonctionnaires CRS de maintien de l'ordre et d'une section spécialisée en secours montagne, menée par le lieutenant Piquemale, commandant de la section montagne. Son équipe compte 35 fonctionnaires et des médecins, tous spécialisés montagne, divisés sur le secteur entre les bases de Saint-Lary et de Gavarnie.

Chaque sauveteur, en plus d'être généralement une personne du cru passionnée de montagne, a reçu une formation montagne, aquatique et spéléo. A chaque session, qui se déroule au centre de formation initiale de Chamonix, ils sont 80 volontaires à tenter leur chance. Ils passent quatre mois en formation estivale et autant en formation hivernale. A la fin du parcours, seuls 7 ou 8 sont opérationnels pour intégrer la sécurité montagne.

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L'EC-145 de la base de Pau (Pyrénées Atlantique), lors de son passage à la base d'Annecy (Haute-Savoie) à l'occasion du G8 d'Evian (Haute-Savoie), il repartait pour Pau en faisant des escales à Nîmes (Gard) et Toulouse (Haute-Garonne).